Enquête sur les jardins scolaires en Alsace

Un questionnaire a été envoyé à 150 porteurs de projet de jardin scolaire. Les 52 retours ont permis de faire une étude statistique des jardins scolaires réalisés en Alsace.

Structures porteuses de projet

Catégories de structure porteuse de projet jardin en pourcentage



Catégories d'âges du public cible


Catégories d'âges du public cible en pourcentage
94%, autrement dit la quasi totalité des jardins sont réalisés dans le cadre scolaire avec des enfants de primaire (niveau regroupant l'école maternelle et l'école élémentaire). Il est également important de noter, même s'ils ne représentent qu'une faible proportion, que certains jardins ont été réalisés avec des élèves de collège.
90% des jardins existent encore depuis leur création. Pour ces derniers, l’analyse des résultats se décompose comme suit :

Eléments descriptifs du jardin
Localisation du jardin

Mise en place du projet

Type de jardin et sa gestion

Financements
La pédagogie au jardin

Conclusion : les raisons du succès





Eléments descriptifs du jardin


Répartition des jardins en fonction de leur âge (temps d'existance)
21% des jardins pérennisés existent depuis au moins 5 ans, ce qui illustre bien qu'un jardin peut réellement devenir aussi important qu'une salle de classe. Et comme la salle de classe, on le retrouve chaque année.


Que trouve t-on dans les jardins ?


Types de culture trouvés dans les jardins

Aménagements complémentaires trouvés dans les jardins
Un point important est exprimé par ces données : il y a différentes manières de faire un jardin pédagogique. Tout dépend des objectifs de départ. Mais une chose est sûre : il n'y a pas de règles quant à l'utilisation de telles ou telles plantes ou sur la mise en place de tel ou tel aménagement.
A noter quand même l'intérêt d'intégrer dans le jardin des aménagements complémentaires qui sont autant d'habitats pour une faune et une flore particulière. Ce qui, par conséquent, augmente la richesse pédagogique du jardin.


Définition des jardins par les porteurs de projet


Répartition des jardins par catégorie

Presque la moitié des porteurs de projet semble être dans l’incapacité de définir leur jardin. Il n’y a pas de règles pour faire un jardin. On peut y mettre les plantes qu’on veut, en évitant bien sûr de faire des mauvaises associations, et les aménagements complémentaires qu’on veut. C’est apparemment le cas de beaucoup des jardins. Le jardin n’ayant pas été défini lors du montage de projet, aucune orientation n’a été donnée pour le choix des plants et des aménagements complémentaires.
C’est ainsi que l’on peut retrouver des plantes potagères avec des plantes aromatiques et d’ornement.
En regardant quand même de près les jardins qui ont été définis, trois catégories semblent se détacher : aromatique, des sens, et potager. Si l’on regarde de plus près la composition des jardins non définis, on se rend alors compte qu’ils contiennent pour la plupart des plantes entrant dans la composition de ces trois catégories de jardin.


Localisation du jardin


Localisation des écoles porteuses de projet
Certes, la proportion de jardins réalisés en milieu rural est plus importante, mais de combien ! De seulement 18%, ce qui n'a rien de significatif. La réalisation d'un jardin pédagogique n'est pas réservée aux seules écoles situées en milieu rural.
Même sans terrain, ce qui est souvent le cas, surtout en ville, il est possible de faire un jardin. Il existe des techniques et des astuces pour cela. Les enfants vivant en milieu urbain sont bien souvent coupés de la nature : faire un jardin avec eux peut leur permettre de la découvrir.


Mise en place du projet


Les motivations premières des porteurs de projet :
  • Mettre en valeur un lieu avec les enfants
  • Rendre plus agréable un lieu et améliorer le cadre de vie en rendant les enfants acteurs de leur environnement
  • Créer un support pédagogique sur place pour différents sujets (environnement, biologie végétale, déchets, rythme des saisons, citoyenneté)
  • Sensibiliser les enfants à l’environnement (flore, faune, …) et aux milieux (verger, vignoble, roselière, …)
  • Remettre en place une précédente expérience et transmettre une passion
  • Faire participer les enfants à une action nouvelle
  • Utiliser des aides techniques (personnes ressources, structures environnementales, conseillers pédagogiques, …), financières et foncières (mise à disposition d’un terrain, …)
  • Répondre à l’enthousiasme des enfants
  • Monter des projets avec les enfants de la ville
  • Faire vivre une expérience sur du long terme.

Dans 61% des cas, le projet de jardin fait partie intégrante du projet global de la structure.

Au vu des résultats, un projet de jardin éducatif nécessite un accompagnement pédagogique et technique. En effet, 74% des jardins ont bénéficié d’un accompagnement pédagogique pour la mise en place du projet et 83% pour sa réalisation. D’un autre côté, 48% des jardins ont bénéficié d’un accompagnement technique pour la mise en place du projet et 54% pour sa réalisation.

Dans 76% des cas, le porteur du projet a continué à suivre l’évolution du jardin depuis sa création, ce qui laisse supposer que dans ce domaine un projet correspond, du moins jusqu’à présent, à une et seulement une personne.

Enfin, quelle est en moyenne l’implication des enfants ? Très bonne, au vu des résultats. En effet, dans 67%, 89% et 91% des projets, les enfants ont été respectivement impliqués dans la conception du projet sur le papier, la création du jardin sur le terrain et l’entretien et l’utilisation du jardin après sa mise en place.



Type de jardin et sa gestion


Technique de jardinage utilisée
La majorité des porteurs de projets ont utilisé des techniques de jardinage biologique, mais pas la totalité. Cela ne signifie pas pour autant que les 37% restant ont utilisé des produits chimiques. En fait, très peu d’entre eux ont utilisé des désherbants (intervention des agents communaux pour la plupart). Pour les autres, le jardinage a surtout été naturel. Bio ou pas Bio, la question n’était pour que secondaire.

Important : l’utilisation de produits chimiques est interdite lorsque l’on fait jardin avec des enfants.


Arrosage


Arrosage et entretien en période scolaire

Arrosage et entretien pendant les vacances
Lorsqu'on décide de faire un jardin éducatif dans le cadre de l'école, il est un point à ne surtout pas négliger : l'arrosage et l'entretien du jardin pendant les vacances scolaires. Cet aspect est une des causes principales de la non pérennisation des jardins. Et on peut le voir ici, les jardins doivent leur pérennisation à la seule motivation de l'enseignant porteur du projet (82%). Il est donc conseillé de penser à cet élément dès le montage du projet afin de trouver des partenaires (parents d'élèves, concierge s'il y en a un, ouvriers communaux ou autres) et définir ensemble un plan d'action pour les vacances scolaires. En plus d'alléger le travail de l'enseignant, cela permettra d'ouvrir le jardin sur l'extérieur et ainsi lui donner une autre dimension.

Origine de l'eau d'arrosage
93%, autrement dit la quasi totalité des jardins ont été arrosés avec de l'eau du robinet. Ce n'est pourtant pas le seul moyen et certains l'ont compris et mis en application. Hormis pour les plus privilégiés qui ont un puits à proximité, il est très facile de mettre en place un système de récupération de l'eau de pluie. Seulement 5% en ont fait l'expérience, alors que c'est moins onéreux que d'utiliser l'eau du robinet. De plus, récupérer l'eau de pluie est plus respectueux de l'environnement que d'utiliser l'eau du robinet. Un jardin pédagogique étant un support d'éducation à l'environnement, le fait de récupérer l'eau de pluie pour arroser permet ainsi d'être plus en accord avec le message que l'on tient aux enfants.
Il ne faut donc pas hésiter. Récupérer l'eau de pluie, c'est pas cher et c'est facile à mettre en place.


Financements


Orientations données aux subventions accordées
Un projet de jardin pédagogique ne se fait pas sans un certain niveau d'investissement et les résultats sont à ce sujet explicites. Bien souvent les écoles ne disposent pas du matériel nécessaire : plus des trois quarts des porteurs de projet ont eu besoin d'acheter du matériel de jardinage ainsi que des plantes et des semences, un peu moins de la moitié a acheté des éléments d'aménagement du jardin ainsi que de la documentation.
L'intervention d'un partenaire extérieur pour un soutien technique et pédagogique peut s'avérer très intéressante et tous les porteurs de projet de cette enquête ont sollicité ce soutien. Maintenant, il faut aussi prendre en compte le fait que l'enquête s'est portée sur les porteurs de projets "Protéger l'Environnement, J'adhère". Ce dispositif de soutien des enseignants dans leurs projets d'éducation à l'environnement se concrétise par la possibilité donnée aux enseignants d'avoir un certain nombre d'heures d'animation gratuites, ce qui explique les 100 % d'aide technique et pédagogique.


La pédagogie au jardin


Citez vos principaux objectifs pédagogiques au jardin
  • Découvrir le monde vivant
  • Développer les sens (capacités à observer)
  • Respecter la nature, l’environnement
  • Travailler ensemble pour un même objectif (travaux pratiques, évaluation)
  • Etre en contact avec la terre
  • Développer des actions techniques
  • Apprendre à structurer le temps
  • Apprendre à structurer l’espace
  • Initier les enfants à une démarche pédagogique
  • Utiliser le jardin comme support pour l’apprentissage du langage et de l’écriture et ceci pour les enfants d’origine étrangère
  • Développer la communication
  • Engendrer des partenariats (parents, collectivités,…)
  • Faire découvrir l’agriculture durable
  • Eduquer à la citoyenneté
  • Rendre l’enfant acteur de son environnement
  • Embellir son cadre de vie
  • Développer l’entraide et favoriser la socialisation
  • Changer son attitude de consommateur
  • Approcher l’art culinaire
  • Approcher le domaine scientifique par l’expérimentation
  • Prendre du plaisir au travail

Qu’est-ce qu’a apporté la mise en place du jardin pédagogique … ?
… pour les enfants :

  • la motivation
  • l’activité technique
  • le plaisir, la curiosité, la satisfaction, l’enthousiasme, la patience,
  • un support pédagogique
  • la connaissance (les plantes, les cycles de vie, des animations à faire, des chaînes alimentaires)
  • le respect de l’environnement
  • le respect de la nature
  • une passion allant jusqu’à la transmettre aux parents
  • le respect du vivant
  • le travail en groupe et le respect des règles
  • la responsabilité et l’esprit d’initiative, l’éveil des sens
  • la communication par l’écrit, l’image et la parole
  • l’autonomie et la confiance en soi
  • la sortie d’un contexte (de la classe vers le jardin)
  • la notion de temps et la patience

… pour vous :

  • un véritable outil pédagogique donnant aux enfants une autre image de l’enseignement (source inépuisable d’activités, nouvelle approche, facilitateur d’autonomie des enfants, support attrayant pouvant se transposer à d’autres matières, vecteur de la notion de temps,…)
  • le constat d’un changement d’attitudes de certains élèves
  • un approfondissement des connaissances (recherche, échanges)
  • l’enrichissement personnel et beaucoup de satisfaction
  • l’intérêt des enfants pour un nouveau milieu
  • l’approche solidaire avec les parents, les enfants
  • l’amélioration du cadre de vie
  • l’unité d’action avec les enfants et le travail en équipe avec les collègues
  • le plaisir de la mission accomplie

… pour l’école :

  • l’amélioration du cadre de vie
  • un nouveau milieu pour l’observation et l’expérimentation
  • une biodiversité
  • un véritable travail d’équipe
  • une dimension solidaire de tous les instants (rencontres enfants, parents, grands-parents, enseignants)
  • l’apprentissage par les enfants du respect de leur environnement
  • un véritable outil pédagogique
  • des écosystèmes qui se mettent en place

… pour la relation à différents partenaires (parents, municipalité, associations, …)

  • la reconnaissance
  • des échanges et des rencontres avec des personnes non familières des structures scolaires (pépiniéristes, commerçants, …)
  • l’implication des acteurs locaux et plus particulièrement les aides des communes (subvention, soutien logistique, mise à disposition des parcelles, …)
  • l’implication des parents et des grands-parents

Quelles ont été les principales difficultés rencontrées ?

  • Le choix du lieu : excentré
  • La qualité du lieu : manque de terre végétale, terre de remblai
  • Les contraintes techniques : les travaux difficiles comme le bêchage, la recherche de matériaux spécifiques, l’arrosage et l’entretien pendant les vacances d’été, la réalisation de projets techniquement complexes comme une mare, …
  • Les lourdeurs administratives (lentes) : montage de dossier, attente des aides financières, l’existence possible de conflits avec les communes
  • Le surcroît de travail en période scolaire qui vient s’ajouter aux phases pédagogiques
  • Gestion difficile en grand groupe
  • Les dégradations suite à l’absence de protection ou de clôture
  • L’absence d’aide et d’adhésion des parents
  • La gestion du planning scolaire
  • La gestion du jardin après le départ de l’animateur (quand il y en avait un)
  • L’absence de connaissances techniques
  • Les travaux d’entretien fastidieux
  • Le manque d’encadrement bénévole
  • Le manque d’aides financières
  • Le manque d’adhésion du personnel communal dans le projet
  • La pérennisation du jardin suite au départ de celui qui a monté le projet

Si vous aviez à le refaire, que changeriez-vous ?

  • Avoir un aide éducateur ou des parents disponibles pendant le temps scolaire
  • Trouver des solutions techniques pour le désherbage et l’arrosage
  • Ne travailler qu’en petits groupes d’enfants
  • Choisir un lieu propice : ensoleillement, point d’eau
  • Rechercher diverses sources financières sans se focaliser sur la coopérative scolaire
  • S’entourer de personnes ressources pour les aspects techniques
  • Démarrer le jardin dès septembre
  • Pouvoir échanger avec d’autres porteurs de projets
  • Motiver l’ensemble de l’équipe enseignante pour l’adhésion de plusieurs classes au projet
  • Bien gérer l’espace pour que le jardin ait de la place
  • Aménager les abords du jardin pour faciliter le travail pédagogique (table, bancs, …)
  • Mieux choisir les espèces végétales pour des récoltes pendant le temps scolaire



Conclusion : les raisons du succès

Auriez-vous d’autres réflexions ou éléments d’analyse à fournir pour faire bénéficier de votre expérience à d’autres porteurs de projets ?

  • au fil des années, le jardin est toujours différents, car il est le reflet du choix présent des enseignants et des enfants.
  • S’entourer de personnes ressources est nécessaire pour que le projet soit le plus juste techniquement aussi bien pour la conception que pour la réalisation sans négliger des points de sécurité.
  • Les moyens financiers ne sont rien sans l’implication de moyens humains.
  • La dimension exagérée du jardin ne fait pas la grandeur du projet.
  • Le don de plantes et de tout le matériel de jardinage soulage l’approche financière du projet.
  • Patience et persévérance font partie des outils du jardinier.
  • La diversité des partenaires financiers est plus rassurante que l’unicité.
  • La commune est ou doit être un partenaire idéal.
  • Le projet doit être à la hauteur de ces moyens.
  • Le jardin est un projet à penser sur le long terme.

Si vous aviez un seul conseil à donner ?

  • Trouver des partenaires
  • Aimer partager
  • Inscrire le projet dans la vie de l’école
  • Ne pas se lancer seul
  • S’entourer de spécialistes
  • Prévoir sa succession
  • Faire intervenir un animateur
  • Etre disponible en dehors des périodes scolaires
  • Etre prêt à remplir des dossiers
  • Sans espace vert, c’est possible
  • Inscrire le projet dans la durée
  • C’est un vrai travail de tous les jours
  • Ne pas voir trop grand
  • Bien préparer les séquences
  • Etre inventif
  • Avoir des connaissances de base sur le jardinage
  • Croire en son projet
  • Bien choisir le lieu au départ
  • Rencontrer des porteurs de projets jardin.